Savane-roche Virginie, l’inselberg le plus accessible de Guyane (randonnée)

Un paysage lunaire au milieu de la forêt équatoriale, c’est ce que réserve aux marcheurs cette surprenante randonnée en Guyane. La savane-roche Virginie, en plus d’être l’inselberg le plus accessible du territoire, renferme un écosystème unique et fragile, à observer avec prudence et respect.
Nous avons parcouru le sentier menant au sommet en famille et témoignons dans cet article de cette étonnante expérience.

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Savane-roche Virginie, en bref

• Longueur : 5,8 km (aller-retour sur sentier balisé),.
• Dénivelé : + 70 mètres, essentiellement proche du sommet,
• Temps de marche : 3 à 4 heures,
• Altitude max : 138 mètres,
• Meilleure période : septembre à décembre ou mars (saison sèche),
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• Points d’intérêt : forêts primaires, biodiversité, inselberg et panorama sur la canopée,
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• Accès :PK 122 sur la RN2 , entre Régina et Saint-Georges de l’Oyapock (parking),
Comme pour la plupart des sites naturels de Guyane, il est nécessaire de s’y rendre en voiture (agences de  location de voiture en Guyane à l’aéroport de Matoury, Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du Maroni).
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• Hébergements à proximité :
• Possibilité de carbet-bâche au sommet du sentier (accès libre, non aménagé),
• Carbet Le Balisier ou Blues Road Carbet à 60 km en amont du départ du sentier sur la RN2,
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• Le conseil : prudence par temps humide, la présence d’algues sur la surface des roches les rendent extrêmement glissantes.

5 raisons de s’aventurer
en savane-roche Virginie

Un inselberg au cœur de la forêt primaire

Le terme « savane » signifie en créole « là où il n’y a pas d’arbres » et désigne en Guyane tout espace ouvert non forestier telles que les savanes inondées (savane Gabrielle, marais de Kaw, savane Sarcelle, pripri yiyi…), les savanes sèches (Kourou, Sinnamary, Organabo…) ou encore les savanes-roches, aussi appelées inselbergs. Bien qu’elles soient bien présentes sur le littoral, elle ne représentent en réalité que 0,3% du territoire et sont donc parmi les milieux naturels les plus rares du département. Elles n’en sont pas moins un habitat particulièrement riche du point de vue de la flore.
En Guyane, on dénombre 200 inselbergs, les plus hauts culminant à plus de 500 mètres (massif des Émerillons, pic Coudreau, mont Mitaraka, mont Saint-Marcel), pour la plupart situés au sud du territoire. Avec ses 138 mètres d’altitude, celui de la savane-roche Virginie est l’un des plus modestes mais aussi le seul directement accessible depuis le littoral !

Cette petite montagne qui émerge de la canopée (insel : île, berg : montagne, en allemand), résultat de l’affleurement de roches granitiques il y a plusieurs millions d’années, a été façonnée  par la nature et le temps. Elle est entourée d’une forêt primaire remarquable dans laquelle le sentier immerge les randonneurs pendant 1 à 2 heures (≈ 3 km) avant d’atteindre le sommet rocheux et dénudé. Un panorama exceptionnel s’offre alors aux marcheurs, mêlant le paysage lunaire étonnant de l’inselberg à une vue à 360° sur la forêt équatoriale.

Une biodiversité unique

Le sentier traverse des forêts primaires et 5 petites criques facilement franchissables en saison sèche avant d’atteindre de gros blocs rocheux, prémices au paysage lunaire qui attend le randonneur au sommet.
De nombreux « mourou-mourou » (palmiers poubelle) témoignent de l’ancienneté et du bon état de préservation de la forêt. Tout comme les palmiers Toulouri, uniquement présents  dans l’est de la Guyane, leurs feuilles sont utilisées pour la construction de toiture de carbet et leurs graines en complément alimentaire. Autre aspect frappant de ce sentier de randonnée : l’abondance de mousse et épiphytes de toutes tailles aussi bien sur les arbres de la forêt que sur le granite sommital.

L’inselberg est composé de granite très dur sur lequel les arbres ne peuvent pas s’enraciner. Sa couleur noire est due à la présence d’une algue bleue appelée cyanobactérie, capable de métaboliser directement le carbone et l’azote atmosphérique. Également connue pour sa capacité à coloniser les laves de volcan, celle-ci semble toute à son aise sur ces roches pouvant atteindre 75°C en saison sèche ! Les cyanobactéries, en se multipliant, vont permettre l’installation d’autres plantes vasculaires, la plupart présentant des adaptations morphologiques aux conditions de sécheresse.

Si les chants des « paypayo » et les cris des singes hurleurs sont facilement identifiables, les autres animaux se montrent discrets aux abords du sentier. Les passionnés d’avifaune devraient néanmoins être comblés par les nombreuses espèces d’oiseaux fréquentant cet écosystème hors-norme.

Un panorama exceptionnel sur la canopée

Passionnés de montagne, nous avouons avoir parfois le mal des Alpes car peu de randonnées en Guyane permettent de prendre de la hauteur ! Même si l’inselberg de la savane-roche Virginie ne mesure pas plus de 138 mètres, il offre un petit dénivelé « qui fait du bien aux gambettes » et un très joli panorama sur la forêt. Nous sommes alors surpris de voir apparaitre d’autres montagnes, certes modestes, mais le relief est loin d’être aussi plat que ce que nous pouvions imaginer. Notamment le massif des Montagnes Tortues qui apparait nettement à l’horizon.

La vue panoramique à 360° invite à la contemplation. Les enfants, surpris par cet environnement atypique préfèrent s’amuser aux équilibristes sur les rochers avant de se laisser charmer à leur tour par l’immensité de la forêt, juste sous leurs pieds. Nous imaginons un moment la traverser pour rejoindre Cayenne située à 84 km à vol d’oiseau avant de constater que nous n’avons pas de machette sur nous (l’avantage de voyager avec des enfants est que rien ne leur semble impossible 😉 )…
Nous optons finalement pour une séance photos dans les rochers, avant que le soleil et la chaleur réfléchie par le granite ne nous incitent à rejoindre les sous-bois.

Panorama et informations à découvrir sur l’application Guyane Découvertes.

Un sentier balisé accessible à tous

Impossible de se perdre sur le sentier ! Même s’il n’apparait pas sur les cartes IGN, il est entretenu par l’ONF et très bien balisé par l’intermédiaire de petits panneaux jaunes. Sa longueur (2,9 km jusqu’au sommet) et son faible dénivelé (+ 70 mètres) en font une randonnée agréable en famille et accessible à tous, d’autant plus que des passerelles ont été installées pour permettre de traverser les criques en toute sécurité.

En saison sèche, nous n’avons rencontré aucune difficulté particulière avec des enfants de 5 ans, qui ont vécu cette randonnée comme une micro-aventure entre jungle et montagnes russes ! L’ONF met néanmoins en garde les randonneurs en cas de pluie : le sentier devient alors boueux, le risque de chute d’arbres plus important et les roches de granite très glissantes.
Nous conseillons d’attendre le sommet pour sortir le pique-nique. Ceux qui résistent bien à la chaleur privilégieront alors les rochers avec vue sur la canopée, les autres préfèreront se mettre à l’abri du soleil dans les sous-bois.

La possibilité de dormir au sommet

Cette découverte du sentier de la savane-roche Virginie était aussi l’occasion pour nous de se rendre compte s’il était possible de dormir au sommet de l’inselberg avec un jeune enfant, certains guides évoquant la présence d’un carbet-bâche. Il existe bel et bien un site de bivouac dans la forêt à proximité immédiate du sommet, équipé de façon minimaliste certes mais permettant tout de même d’accrocher une bâche et quelques hamacs munis de moustiquaires. Un espace semble également être dédié au feu mais attention, il est officiellement interdit de faire du feu aux abords du sentier !
Nous prévoyons donc une prochaine visite dès le retour de la saison sèche, avec un équipement plus complet pour pouvoir y passer la nuit et admirer le lever du soleil sur la forêt amazonienne…
[Expérience réalisée quelques mois plus tard 😉 ]

Rappel : la savane-roche virginie est un milieu naturel fragile qu’il est important de préserver. Il est donc interdit d’y chasser, d’y pêcher, de prélever des espèces animales ou végétales, quelles qu’elles soient ou encore de sortir du sentier. Les déchets, s’ils ne peuvent pas être évités, doivent être ramenés dans les poubelles personnelles des visiteurs.

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