Sénégazelle, la course solidaire pour femmes au grand cœur !

La Sénégazelle est avant tout une action de solidarité envers les enfants sénégalais. C’est aussi une course 100% féminine et une expérience humaine hors du commun pour toutes les femmes s’élançant dans cette aventure en équipe. Mon amie Sophie, 42 ans, originaire de la région toulousaine, y a participé en février 2019 au sein de l’équipe « Téhima Gazelles ». Elle nous raconte son expérience avec un enthousiasme et une bienveillance contagieux.

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Interview de Sophie, finisher de la Sénégazelle 2019

Q1 – Qu’est-ce que la Sénégazelle ?

La Sénégazelle est une course féminine et solidaire, qui se déroule au Sénégal. Chaque femme parcourt  une dizaine de kilomètres chaque jour, à allure libre,  avec une arrivée dans une école, et distribue les fournitures scolaires amenées de France. La rencontre avec les enfants, les échanges avec la population locale et l’amitié entre les différentes équipes font partie intégrante de la course.

Q2 – Quelles sont les conditions de participation ?

Les conditions de participation sont peu restrictives : être une femme, être en forme (certificat médical à l’appui) et s’engager à amener 46 kg de fournitures scolaires chacune.

Q3 – Quelles étaient tes motivations pour participer à la Sénégazelle ?

Je n’étais pas du tout adepte de la course à pieds avant de m’inscrire à cette course. Je n’avais jamais fait un footing de ma vie ! Des amies y avaient participé quelques années auparavant et ça nous avait donné envie, à mes sœurs et moi, de tenter l’aventure. Une fois confirmé le fait que c’était à allure libre, marche ou course, maman nous a rejoint et nous avons créé l’association « Tehima Gazelles » (harmonie en hébreu).
Nous avions très envie de faire quelque chose d’utile et pas juste courir pour nous, de découvrir une autre population, de retourner en Afrique (j’avais déjà pu découvrir la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, la Tanzanie, Zanzibar… mais pas le Sénégal).
Et puis nous nous voyons peu et c’était donc l’occasion de faire quelque chose ensemble, toutes les 4.

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Q4 – Pourquoi avoir choisi cet évènement et pas un autre ?
Que des filles… ce n’est pas trop « hard » ?

Le choix s’est fait très naturellement. Je suis maman, mes sœurs sont profs, ça nous paraissait une évidence d’allier sport et contact avec les enfants, en contribuant à améliorer les conditions d’éducation sur place.
Le fait que ce soit une course féminine n’était pas un critère. Je vis au quotidien dans un univers très masculin (je travaille dans le bâtiment) donc partir avec 70 nanas, ça me faisait un peu « bizarre » 😉 . Mais finalement, on est nature, entière, toutes là pour la même cause, et la sauce prend !

Q5 – Il faut au préalable récolter des fonds et du matériel…
comment vous y êtes-vous prises ?

Nous avons créé notre association et réparti les rôles. Mes sœurs se sont chargées de récolter des fournitures scolaires et monter des projets pédagogiques dans leurs établissements scolaires. Maman a tout centralisé et géré la confection de trousses, de sacs,… De mon côté, je suis partie à la recherche des sponsors. Nous avons créé une page Facebook, une cagnotte sur Ulule et nous avons beaucoup, beaucoup parlé de notre projet autour de nous. Nous avons eu la chance d’être suivies au départ par une télévision locale et quelques journalistes. Notre motivation et notre enthousiasme ont fait le reste !

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Q6 – Quand et comment se prépare t-on à un tel évènement (logistique, physique, mental…) ?

La préparation ne s’est pas tout à fait passée comme prévue…
L’inscription s’est faite en juin 2017 pour un départ en février 2018. Nous avons donc commencé à nous entrainer chacune de notre côté : footing en solitaire ou à 2 (pour mes sœurs qui habitent près l’une de l’autre), coach sportif, club d’athlétisme, groupe de marche… Chacune son style et sa préparation ! Nous nous partagions par SMS nos entrainements, nous nous motivions les unes les autres.
Et puis la maladie est arrivée. Un cancer du sein qu’il m’a fallu soigner. Nous avons donc annulé notre participation et nous sommes réinscrites en juin 2018 pour un départ en février 2019. La préparation a donc duré presque 2 ans, avec des hauts et des bas, mais une motivation décuplée et l’envie d’y aller plus forte que jamais ! Notre mental, notre envie de nous dépasser pour réaliser enfin ce projet tant attendu ont été une grande force.
Côté logistique, nous avons centralisé toutes nos fournitures chez maman, trié, mis en sacs et rangé tous ces dons. Un gros travail matériel où amis et voisins nous ont aidées. Maman a également cousu des trousses, des sacs… et les patrons sont partis chez des amies couturières qui ont aussi mis la main à la patte. Les écoles, les institutrices et les profs se sont mobilisés pour parler de notre action, monter des projets avec leurs élèves, organiser des cross solidaires pour récolter des fonds et préparer des dessins que nous avons amenés avec nous.
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Q7 – Ressentis et  émotions au cours de différentes étapes
(préparation, départ, jour après jour, retour…)

Les émotions ont été fortes pendant toutes les étapes !
La préparation nous a permis de nous rendre compte de la bienveillance et du soutien de tous les gens qui nous entourent, proches et moins proches, tous ensemble concernés par ce projet. Nous avions une réelle communauté autour de nous qui nous a portées, encouragées, aidées…
Le jour J, l’excitation et l’émotion étaient à leur comble. Mes amies d’enfance nous ont accompagnées à l’aéroport. Nous nous sentions portées par toute l’énergie de celles et ceux qui nous suivaient.
Jour après jour, les émotions ont été dingues : des larmes de souffrance et de joie, des embrassades, des accolades, de l’émotion avec les enfants, des rires, des partages, des découvertes…. Pas de temps mort. Nous profitions de tout. Nous avions créé un groupe Whatsapp où nous donnions quelques nouvelles et les messages de France nous donnaient du baume au cœur, beaucoup d’émotions.
Le retour a été difficile. Compliqué de reprendre son quotidien après avoir vécu tout ça en accéléré pendant 7 jours. Des filles qu’on ne connaissait pas une semaine avant nous manquaient terriblement. Nous avons eu également du mal à nous séparer toutes les 4, reprendre nos vies à 500 km les unes des autres…. Ça reste dans un coin de nos cœurs et de nos têtes.

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Q8 – Peux-tu nous décrire une journée de course type sur la Sénégazelle ?

Levées vers 6h pour se préparer et déjeuner avant le départ : 8h pour les marcheuses et 8h30 pour les coureuses, quand la température ne dépasse pas encore les 25°. La course se déroulait ensuite sur 8 à 11km, selon les jours. A l’arrivée, nous avions toujours un comité d’accueil exceptionnel : des chants, des danses, de la musique,… et une haie d’honneur pour franchir la ligne d’arrivée. Dur de retenir ses larmes devant tant de gentillesse et de bonheur partagé.
Nous allions ensuite dans les classes, par petits groupes, présenter les projets, jeux, etc… et distribuer les fournitures. Nous passions une petite heure avec eux. Retour ensuite à notre hôtel en charrette ou en pirogue, selon les jours.

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Les après-midi étaient variés : se balader dans le petit village de Foundiougne, aller prendre le thé avec une famille, se baigner dans le fleuve salé le Saloum, faire le marché local, visiter la mosquée…. Et papoter avec nos nouvelles copines, se raconter, partager… Après le diner, nous avions une petite animation pour terminer la soirée : défilé de mode des couturiers locaux (!), film de la Népalaise (le même format de course mais au Népal…), concert de la chorale locale…

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Q9 – Quelles images et quels souvenirs gardes-tu du Sénégal ?

Je garde des milliers d’images ! Des sourires d’enfants, des yeux qui brillent, des échanges de regards…
Je garde l’amour de ma famille, l’amitié grandie sur place…
Je garde le goût des épices, du miel, du bissap, des cacahouètes, de la lotte…
Je garde le son des djembés, les baobabs, les traversées en pirogues, les levers de soleil…
Je garde l’émotion de franchir cette première ligne d’arrivée et de me dire « je l’ai fait » !

Q10 – On y échappe pas… quels ont été tes plus beaux et plus mauvais moments ?

Ce n’est pas vraiment un mauvais moment mais une difficulté s’est ajoutée au fur et à mesure de la semaine : l’eau, qui arrivait salée à la douche et aux toilettes, n’est plus arrivée du tout ! Nous devions donc aller chercher de l’eau au fleuve et dans une citerne et pouvions difficilement nous laver. Ça faisait partie du trip, nous l’avons bien vécu mais c’était parfois un peu compliqué avec la chaleur et l’effort.
Les plus beaux moments ont été les lignes d’arrivée : on franchit avec tant d’émotions, les embrassades avec les autres filles, les enfants qui nous courent après et nous attrapent les mains… C’est indescriptible.

Q11 – Quelques conseils pour celles qui voudraient participer à la Sénégazelle ?

Foncez !! Le format course/marche rend la Sénégazelle accessible à toutes, avec un minimum d’entrainement bien sûr. C’est une aventure inoubliable et qui nous transforme pour la suite de notre vie.

Q12 – Ton prochain défi ?

J’ai fait mon 1er semi-marathon fin mars, un mois après être rentrée de Foundiougne. Je suis inscrite sur plusieurs 10 km, et je continue à m’entrainer, j’y ai pris goût !
Je me prépare pour le Run des Pertuis, une course de 20 km qui relie La Rochelle à l’ile de Ré. Et j’espère bien repartir au Sénégal, au Népal ou ailleurs, très vite 🙂 .

Retrouvez les détails de cette course sur le site dédié à la course.

 

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