Rejoindre la mer Méditerranée à l’océan Atlantique à vélo, c’est désormais possible grâce au Canal des 2 Mers, un itinéraire cyclable très bien aménagé que j’ai parcouru (en partie) de Toulouse à Royan. Je partage dans cet article mon parcours, mes coups de cœur ainsi que quelques conseils pour partir pédaler à votre tour sur cet itinéraire aux multiples charmes qui permet de découvrir quelques sites emblématiques du patrimoine culturel français.
A retrouver sur le blog
Séjour écologique en famille, la Camargue à vélos solaires.
Le Canal des 2 Mers, en bref !
Le Canal des 2 Mers est un itinéraire cyclable de 750 km de long, reliant la Méditerranée à l’Océan Atlantique en traversant 10 départements français : l’Hérault, l’Aude, la Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne, le Lot-et-Garonne, la Gironde et la Charente-Maritime. Il longe le Canal du Midi depuis Sète, puis le Canal de la Garonne avant de rejoindre l’estuaire de la Gironde jusque Royan, offrant aux cyclistes itinérants des paysages et un patrimoine culturel variés.
On peut l’emprunter dans les 2 sens. L’itinéraire à vélo est très bien aménagé, à l’exception de quelques portions dans l’Aude (aux alentours de Carcassonne) et en Gironde (entre Bordeaux et Blaye).
Départ : Sète
Arrivée : Royan
Distance : 750 km d’itinéraire cyclable
Difficulté : itinéraire facile, très bien aménagé
Durée : entre 10 et 20 jours pour l’intégralité du parcours
Étapes : l’itinéraire est découpé en 6 tronçons d’une centaine de kilomètres (Sète-Sommail, Sommail-Carcassonne, Carcassonne-Toulouse, Toulouse-Agen, Agen-Bordeaux, Estuaire de la Gironde).
Je ne détaille dans et article que les étapes menant de Toulouse à Royan. Ceux qui souhaitent prendre le départ depuis Sète trouveront de précieux conseils sur « Le Petit Cyclo », agence de voyage spécialisée dans les séjours itinérants à vélo.
Le Canal des 2 Mers, de Toulouse à Royan
Canal des 2 Mers – JOUR 1
63 km de Toulouse (Haute-Garonne) à Moissac (Lot-et-Garonne)
Visite de la ville rose en vélo vintage
Je débute mon itinéraire sur le Canal des 2 Mers depuis Toulouse, chef-lieu de la région Occitanie, surnommée « ville rose » en raison de la couleur de la brique en terre cuite utilisée pour la construction des maisons.
Je loge à l’hôtel Albert 1er, curieuse de savoir comment un hôtel peut être labellisé « Accueil vélo » en étant situé à deux pas de la place du Capitole, en plein cœur de la 4ème plus grande ville de France ! Les vélos vintage suspendus au plafond me mettent dans l’ambiance dès mon arrivée, et j’en emprunte vite un pour faire le tour de la ville.
Pour être labellisé « Accueil vélo », un hébergement doit garantir aux cyclotouristes :
• de se trouver à moins de 5 km d’un itinéraire cyclable,
• de pouvoir disposer d’équipements adaptés (abri à vélos, kit de réparation),
• un accueil attentionné avec des informations et conseils adaptés (circuits, météo…),
• des services spécifiques tels que le transfert de bagages, lavage du linge, location et lavage de vélos…
La très bonne idée de l’hôtel Albert 1er est de proposer un service de location de vélos vintage avec une carte des itinéraires pour visiter la ville depuis l’hôtel. On peut ainsi découvrir les principaux monuments et attraits de Toulouse (basilique Saint-Sernin, couvent des Jacobins, Capitole, berges de la Garonne, pont Saint-Pierre, nombreux hôtels particuliers…) plus rapidement qu’à pieds et sans trop de difficulté, même s’il faut parfois trouver sa place entre les voitures !
Je profite de cette promenade pour faire un arrêt à la Maison du Vélo, situé en face de la gare Matabiau, un endroit original qui séduira tous les amoureux de la petite reine. C’est un lieu convivial où l’on peut venir manger et boire en parlant vélo (ou pas), mais aussi un atelier de réparation, un centre de ressources et de formation, un service de location de vélos, un creuset d’où émergent de nombreuses initiatives autour du vélo.
Hébergement Accueil Vélo
Hôtel Albert 1er à Toulouse
www.hotel-albert1.com
Voie verte de Toulouse à Moissac
A Toulouse, on quitte le Canal du Midi pour le Canal de la Garonne. L’itinéraire longe celui-ci sur une voie verte parfaitement aménagée, d’écluses en écluses, jusque Moissac. En chemin, on peut visiter quelques châteaux, abbayes et églises, faire un détour par la ville « Art et Histoire » de Montauban et admirer quelques curiosités fluviales tels que la pente d’eau de Montech (permettant aux bateaux de franchir un seuil de 13 mètres d’eau), ou le pont-canal du Cacor (long de 350 mètres) à l’entrée de Moissac.
Je choisis cette ville « Art et Histoire » pour faire ma première halte, et visiter l’abbaye Saint-Pierre, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Son cloître, particulièrement joli, date de l’année 1100. C’est le plus ancien cloître historié au monde. Il abrite des chefs d’œuvre de la sculpture romane, répartis sur les 116 colonnes de marbre et évoquant de nombreux thèmes bibliques tels que la Genèse, l’enfance du Christ ou encore les miracles de Saint-Benoît…
Un autre endroit incontournable de Moissac, idéal pour se restaurer ou se désaltérer après plusieurs heures de vélo, est le kiosque de l’Uvarium. Ancien lieu de cure à base de jus de raisin Chasselas, on y vient aujourd’hui pour sa très bonne cuisine et ses cocktails tendance ainsi que pour le cadre idyllique sur les bords du Tarn (apéro local testé et approuvé : le quercy des îles à base de rhum et de chasselas).
Je passe la nuit à l’emblématique Hôtel & Spa Le Moulin de Moissac, surplombant le Tarn et le pont Napoléon. C’est non seulement un hôtel confortable, où l’on apprécie le calme et le spa idéal pour apaiser les courbatures, mais également un lieu riche par son histoire. Plus gros moulin du Sud-Ouest au 18ème siècle, hôtel de Luxe dans les années 30, refuge pour enfants juifs pendant la 2nde guerre mondiale, perpétuellement abandonné puis rénové, ce moulin n’a pas fini de révéler ses secrets, que Lydie, heureuse propriétaire depuis 2013, nous livre avec passion autour d’une délicieuse cuisine régionale traditionnelle.
Hébergement Accueil Vélo
Hôtel & Spa Le Moulin de Moissac
www.lemoulindemoissac.com
Canal des 2 Mers – JOUR 2
72 km d’Agen (Lot-et-Garonne) à La Réole (Gironde)
De Agen à Nérac
Agen a une place particulière dans mon cœur puisque j’y ai passé 2 années à l’internat-résidence du lycée Bernard Palissy, qui accueille chaque année une trentaine d’enfants dont les parents vivent à l’étranger. C’est donc avec une réelle émotion que j’ai redécouvert la ville et franchi les portes de ce lycée centenaire, 20 ans après y avoir séjourné !
Agen abrite un important patrimoine architectural civil et religieux issu de l’époque médiévale ainsi que des immeubles de type haussmannien et maisons art nouveau datant de la fin du 19ème siècle. Un détour par les Halles s’impose pour déguster le fruit emblématique de la ville : le pruneau.
L’itinéraire débute depuis le café vélo d’Agen, où l’on peut aussi bien venir louer un vélo que partager une bière locale en préparant son prochain voyage itinérant… Il proposera bientôt également un dortoir pour les cyclistes souhaitant y passer la nuit avant de repartir sur le canal des 2 Mers.
Il se situe à proximité du Pont-Canal, deuxième plus long de France (580 m) après celui de Briare (Loiret), qui permet de faire passer la navigation du canal au-dessus de la Garonne.
La voie verte se poursuit vers Sérignac-sur-Garonne dans un environnement boisé.
Je recommande de faire un détour par la ville royale de Nérac , patrie des rois de Navarre avant que Henri de Navarre-Bourbon-Albret ne devienne roi de France sous le nom d’Henri IV et ne délaisse la ville pour Paris.
C’est une ville paisible et harmonieuse et l’un des plus beaux ports fluviaux de France, au bord de la Baïse. Il est agréable de s’y promener avec un raconteur de Pays, véritable passeur de mémoire, passionné par l’histoire de son Pays. Ils sont plusieurs à proposer ce type de visite dans le Lot-et-Garonne et à Nérac, Guy nous propose une visite pittoresque au fil du temps, durant laquelle on découvre, entre autres, l’origine de l’expression « compter fleurette », quelques anecdotes sur l’enfance du jeune futur roi Henri IV et quelques autres légendes amusantes qui rendent Nérac encore plus attachante…
Les Gens de La Garonne
Le Lot-et-Garonne est certainement le département où « Garonne », comme l’appelle affectueusement les locaux, est la plus omniprésente dans l’histoire et la culture. Les relations entre le fleuve et ses riverains ont toujours oscillé entre amour et animosité. Important axe de transport jusqu’au 19ème siècle, Garonne apportait aussi misère et désolation lors des crues dévastatrices.
La Maison des Gens de Garonne, située à Couthures-sur-Garonne, permet de découvrir la Garonne et de s’immerger, grâce à des techniques modernes (cinéma-spectacle, maquette, ciné 3D), au cœur de l’histoire humaine, singulière et émouvante de ceux qui vivent depuis des décennies au bord du fleuve. Ici, les crues sont fréquentes mais on a depuis longtemps appris à vivre avec.
« Garonne » reste sauvage. La navigation est limitée aux bateaux à très faible tirant d’eau et les berges ne sont pas facilement accessibles à pieds. Les pêcheurs et quelques canoéistes semblent les seuls autorisés à l’approcher. Personnellement, je n’ai pas résisté à une petite baignade 😉 .
Je termine cette journée sur le canal des 2 Mers près de La Réole en Gironde, avec mon coup de cœur hébergement du séjour : la maison d’hôtes Le Clos d’Any.
Labellisée « chambres d’hôtes référence » et « Accueil vélo », c’est une magnifique bâtisse aux allures de mas provençal qui dévoile tous ses charmes au fur et à mesure de sa découverte : des chambres thématiques invitant au voyage, un jardin calme et luxuriant, une piscine chauffée, un jacuzzi, une délicieuse cuisine et des propriétaires exceptionnels. Leur devise : « recevoir nos hôtes comme des amis pour un instant de bonheur partagé ». Pari réussi !
Hébergement Accueil Vélo
Maison d’hôtes le Clos d’Any
www.leclosdany.com
Canal des 2 Mers – JOUR 3
75 km de Créon à Blaye (Gironde)
Abbaye de La Sauve Majeure et ancienne voie ferrée
A proximité de Créon sur le territoire de l’Entre-Deux-Mers, se trouve l’abbaye de la Sauve Majeure, chef d’œuvre de l’art roman fondé en 1079 et inscrit au patrimoine mondiale de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Elle fut pendant 7 siècles le plus beau joyau d’architecture de la Gironde, jusqu’à ce que les moines en furent chassés en 1789.
Les amateurs d’art seront enchantés par les nombreuses sculptures et les photographes ravis de pouvoir jouer avec les formes et les ombres des ruines. Les amateurs de vins en profiteront pour déguster quelques pépites de l’AOC Entre-deux-Mers dans la grange abbatiale transformée en maison des vins ! L’appellation se compose exclusivement de vins blancs secs et moelleux, majoritairement issus d’un assemblage de sauvignon et de sémillon, même si la région se distingue également aujourd’hui par une production de vins rouges de qualité.
Pas facile de remonter sur le vélo après une telle dégustation. Heureusement, la piste cyclable jusque Bordeaux est très agréable et j’ai particulièrement apprécié le tronçon entre Créon et Latresne, aménagée sur une ancienne voie ferrée. Les gares ont été transformées en point d’accueil, restaurant et même en gîte pour la gare de Citon-Cenac, dans laquelle je me suis promise de venir passer une nuit au cours d’un prochain séjour.
Me voilà aux portes de Bordeaux, que je ne visiterai pas cette fois-ci par manque de temps. Il faudra vraiment que je revienne…
Traversée de l’estuaire de la Gironde vers Blaye
Entre Bordeaux et Blaye, la voie verte laisse place à de petites routes à travers vignobles et bocages. On emprunte le circuit de l’estuaire par le sud jusque Lamarque où il est possible d’embarquer sur un bac reliant Blaye en 20 minutes. Impossible de le louper, le « Sébastien Vauban » alerte les passagers de son départ à grand coup de sirène, 4 à 10 fois par jour (voir horaires). Les vélos et les voitures sont les bienvenus à bord et il n’est pas nécessaire de réserver, le paiement se faisant au moment de l’embarquement (prix : 2,80€, enfant 1,40€, vélo 1,70€).
A Blaye, la citadelle de Vauban , inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO, offre une jolie balade au cœur du XVIIème siècle et un magnifique panorama sur l’estuaire de la Gironde depuis la place d’armes. Pour les amateurs, on peut également y passer une nuit insolite dans le camping municipal de la Citadelle, situé à l’intérieur des remparts.
Pour ma part, je poursuis l’itinéraire vers le nord jusque Saint-Thomas-de-Cônac, en Charente-Maritime, et pose mon vélo Chez Brown, un gîte à l’ambiance très british. Je suis accueillie par M. & Mrs Brown, ainsi que leur chien et leurs poules, dans un véritable havre de paix à quelques coups de pédale de la piste cyclable du canal des 2 Mers.
Hébergement Accueil Vélo
Chez Brown
www.chez-brown.co.uk
Canal des 2 Mers – JOUR 4
60 km de Saint-Thomas-de-Cônac à Royan (Charente-Maritime)
Trésors de Charente : Pineau et Talmont-sur-Gironde
A quelques kilomètres de mon point de départ, je découvre un site original sur la commune viticole de Saint-Dizant-du-Gua : les « fontaines bleues », sources naturelles de couleur bleu presque phosphorescent. Cette couleur étrange a suscité bien des légendes qui perdurent aujourd’hui par le nom des différentes étendues d’eau reliées entre elles : miroir aux fées, fontaine de la main rouge, grande fontaine, sources vives… Pour les moins romantiques, cette couleur est en fait due à la présence d’une micro-algue proliférant sur les parois de ces profondes cavités, mais le lieu n’en reste pas moins magique.
Ces fontaines se situent dans le jardin du Château de Beaulon, où il est possible de déguster un autre trésor de la région : le Pineau des Charentes !
Une vingtaine de kilomètres plus loin, j’atteins le village de Talmont-sur-Gironde. Le port de pêche, les petites maisons typiques, les ruelles colorées de roses-trémières, l’église romane en bord de falaise, les carrelets… font le charme de ce village classé parmi les plus beaux villages de France (distinction amplement méritée). Nous sommes à l’embouchure de l’estuaire. L’ambiance devient océanique et le vent n’est pas pour me déplaire.
Arrivée à Royan
Les derniers kilomètres pour arriver à l’Océan Atlantique sont de toute beauté, sur des chemins ou pistes aménagées en bordure de Gironde, puis sur la plage de la Grande Conche à Royan, destination finale de mon itinéraire sur le canal des 2 Mers.
Je réalise une ultime visite insolite avant d’atteindre Royan, comme pour faire durer le plus longtemps possible la magie de cet itinéraire à vélo qui permet de découvrir de nombreuses facettes du patrimoine culturel et naturel français. Les Grottes de Régulus, à l’origine naturelle puis agrandies par l’homme pour devenir un habitat troglodytique, offrent une vue imprenable sur l’estuaire de la Gironde. Une visite contée permet d’en découvrir l’histoire et les mystères. Certaines sont encore habitées aujourd’hui… peut-être cela vous donnera t-il envie de vous y installer.
TOP20 des plus beaux paysages de France (selon moi) !
12 réponses
Tout ceci a l’air vraiment cool. Par contre, le vélo et moi, ça fait deux ! Je suis beaucoup trop paresseuse pour pédaler de longues distances. Par contre, si j’ai un bon copain pour m’accompagner, je le ferais peut-être !
Vous pouvez tester le vélo à assistance électrique, cela devrait vous plaire !
Je vais certainement l’essayer !
Je confirme le vtt électrique c’est très pratique pour les longues distances et tellement confortable.
Cet été, nous optons pour le vélo électrique à énergie solaire !
https://www.globetrekkeuse.com/sun-trip-tour-velos-solaires-famille/
Bonjour.
Ça me tente beaucoup mais pour un petit itinéraire partant de Sète.
Où pensez-vous que je puisse louer un vélo électrique et le rendre ensuite à un endroit différent ?
Merci.
Je pense que le mieux est de demander à l’office du tourisme de Sète.
Belle promenade !
Bonjour ca me tente de le faire de Catets en Dorthe jusque Séte. Combien de temps en vélo tu pense? Camping sauvage possible?
Impossible de répondre sur la durée : tout dépend de ton allure et ton endurance ! Entre 5 et 12 jours pour couvrir les 500 km qui relie Catets à Sète… Pour le camping sauvage, je pense que tu pourras toujours trouver des endroits tranquilles pour t’installer sans ennui mais mieux vaut te renseigner auprès des OT que tu croiseras sur le parcours. La plupart sont très portées « vélo ». Bonne route.
Bonjoir Céline,
Je cherchais des infos sur les vélos cargos et en visitant votre blog je suis tombée sur cet article.
Je suis très contente. Votre retour sur ce parcours tombe à pic car nous avons pour projet ma cousine et moi de le faire !
Nous sommes des amoureuses du vélo.
Elle du côté de Lyon, elle Velotaf. Et moi dans le Var je vélocrèche, vélofaismescourses, velodeplace etc etc… (pas possible pour moi de velotafer car trop loin.)
Avant de partir dans notre folle aventure, est-ce possible que je vous recontacte pour avoir de plus amples détails sur la préparation, les conditions d’organisation etc…?
Bien cordialement.
Claire.
Beau projet que ce parcours à vélo !
Tu trouveras beaucoup d’information sur le site : https://www.canaldes2mersavelo.com/. Si tu as d’autres questions, tu peux m’envoyer un mail à l’adresse : globetrekkeuse@gmail.com