Pour les alpinistes s’apprêtant à réaliser l’ascension du Mont Blanc, je détaille dans cet article 5 conseils issus de ma propre expérience à suivre dès la prise de décision et tout au long de l’ascension, pour mettre toutes les chances de son côte.
Cet article fait suite à mon précédent article « 5 conseils pour préparer l’ascension du Mont Blanc », dont le but était de conseiller toutes les personnes désireuses de gravir le Mont Blanc sans trop savoir à quoi s’attendre ou comment s’y prendre. Je vous conseille vivement de le lire avant celui-ci… parce que non, on ne débute pas sa carrière d’alpiniste par l’ascension du Mont Blanc ! Mieux vaut être préparé et bien entouré pour atteindre le sommet avec plaisir.
Ascension du Mont Blanc
10 conseils pour atteindre le sommet
Partie 2 (Conseils 6 à 10)
Partie 1 : mes 5 premiers conseils pour préparer l’ascension du Mont Blanc
Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°6
Ne pas réserver au dernier moment
Ça y est, vous vous sentez enfin prêts pour partir à l’ascension du Mont Blanc ? Vous avez déjà effectué plusieurs courses et atteint des sommets de plus de 4000 mètres, vous connaissez vos forces et faiblesses en très haute montagne et avez investi dans du matériel de qualité, vous avez trouvé un coéquipier hors pair ainsi qu’un guide fait pour vous… Félicitations ! Dans quelques mois, vous réaliserez certainement l’un de vos rêves et vivrez, quoiqu’il arrive, une aventure hors du commun dans un environnement naturel exceptionnel.
L’ascension du Mont Blanc s’effectue la plupart du temps entre Juin et Septembre, ce qui correspond à la période d’ouverture des refuges. Mais n’attendez pas la fin du printemps pour réserver votre séjour, que vous passiez par une agence ou non. Vous risquez de ne pas pouvoir grimper à la date qui vous convient ou pire, de ne pas avoir de place dans les refuges.
Il faut savoir que, pour des raisons de sécurité, les réservations pour le refuge du Goûter sont obligatoires. Elles se font uniquement par internet, et les places sont prises d’assaut dès l’ouverture publique des réservations (généralement en 2 fois, début avril et mi mai). Vous pourrez toujours compter sur votre guide pour vous dégoter une place (un quota de places est réservé aux professionnels)… mais ce ne sont pas non plus des magiciens !
Mes coéquipiers et moi- même (nous étions 4 amis à vouloir tenter l’aventure) avons pris contact avec nos guides au mois d’avril, ce qui nous a permis de choisir la voie (Voie du Pape avec réservations aux refuges de Gonella et du Goûter) et la date que nous souhaitions (plus on est nombreux et moins la tâche est facile !).
Nota : au moment où j’écris ces lignes, une décision préfectorale vient de tomber annonçant la mise en place d’un permis obligatoire sur la voie royale du Mont Blanc ainsi que d’un quota d’alpinistes autorisés à tenter l’ascension chaque jour dès l’été 2019 (214 alpinistes par jour annoncé contre ≈ 500 aujourd’hui).
Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°7
Préparation physique : miser sur l’endurance et l’acclimatation
Je vais ici un peu démystifier cette étape tant redoutée de préparation physique pour le Mont Blanc !
On m’avait fortement conseillé d’aller courir régulièrement (au moins 1 heure, 2 à 3 fois par semaine), si possible dans les montagnes pour travailler le souffle et fortifier les cuisses, de faire du vélo, de la natation… J’étais moi-même pleine de bonnes résolutions au moment de l’inscription, mais voilà 3 mois plus tard, le jour J approche et je n’ai rien fait de tout cela, mon emploi du temps de blogueur voyages ne m’en ayant pas laissé le temps (je ne vais pas m’en plaindre 😉 ).
Alors, je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire. Plus on s’entraine avant et plus l’ascension s’effectuera avec aisance. Le plus important à acquérir est l’endurance : peu importe la préparation, il faut être capable de marcher pendant de longues heures, jour et nuit, avec des dénivelés importants.
Autre point de vigilance pour les trekkeurs aguerris : une course à 4000 mètres n’a rien à voir avec une randonnée à 2500 mètres, aussi longue et difficile soit-elle. Et mieux vaut avoir déjà testé sa réaction au « Mal Aigu des Montagnes » avant de s’engager vers le toit de l’Europe (certains y sont très sensibles et ne pourront jamais dépasser les 4000 mètres). Si vous êtes plutôt à l’aise dans les sommets, il suffira de prévoir de monter en altitude quelques jours à l’avance pour que le corps ait le temps de s’adapter au manque d’oxygène, l’idéal étant de prévoir une ascension d’un sommet et une nuit à plus de 2000 mètres en fin d’acclimatation.
Mon planning d’acclimatation pour l’ascension du Mont Blanc :
J-7 : randonnée de 2 jours dans le Parc de la Vanoise avec nuit au refuge de Péclet-Polset (2474m),
dénivelé positif ≈ 2500 mètres, 6 à 7h de marche par jour, sentier et terrain enneigé,
J-2 : entraînement et acclimatation sur la Mer de Glace, nuit au refuge du Couvercle (2698 m),
dénivelé positif ≈ 1000 mètres, 6h de marche, tout type de terrain,
J-1 : entraînement à 3000 mètres et randonnée alpine entre le refuge et la gare du Montenvers,
6h de marche, essentiellement en descente, tout type de terrain.
Dernier conseil pour optimiser son acclimatation le Jour J : se détendre et respirer amplement… vous n’en serez que mieux oxygéné !
Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°8
Limiter le poids du sac sans oublier l’essentiel
Je randonne depuis longtemps avec un sac à dos le plus léger possible, ne dépassant jamais 10kg. Mais pour l’ascension du Mont Blanc, je souhaitais l’alléger encore davantage afin de soulager au maximum mon dos ainsi que mes jambes s’apprêtant à grimper plus de 3000 mètres en 2 jours.
Plus facile à dire qu’à faire en réalité car on ne grimpe pas au sommet du Mont Blanc comme on randonne sur n’importe quel GR !
Tout d’abord, voici mon astuce pour ne pas trop me charger : utiliser un sac à dos dédié aux alpinistes adeptes du minimaliste, profilé pour la haute montagne mais dépourvu de tout accessoire superflu (sac à dos arcteryx alpha). Et voici ci-dessous ce qu’il contenait pour le Mont Blanc.
CONTENU DE MON SAC A DOS
pour l’ascension du Mont Blanc
(aucun équipement de cette liste n’a été inutile)
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• Matériel d’alpinisme •
(portés sur soi la plupart du temps)
casque, piolet, chaussures d’alpinisme, crampons,
harnais (arcteryx AR-385a), paire de gants d’alpinisme,
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• Vêtements •
2 paires de chaussettes chaudes (mais pas trop),
1 collant (me servant pour le sommet mais aussi de pyjama),
1 pantalon chaud, 1 T-shirt manches longues chaud,
1 T-shirt plus léger pour le refuge (servant également de pyjama),
2 doudounes (j’ai remplacé la polaire par une doudoune, plus légère et plus chaude),
1 veste Gore-Tex de qualité (veste arcteryx beta ar),
1 buff (indispensable pour se protéger le visage du vent glacé à partir de 4000m) ,
1 bonnet, 1 paire de gants légers (plus confortables sur les parties non enneigées),
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• Pour les nuits en refuge •
drap sac (seuls les couvertures sont fournies en refuge),
boules Quies,
lampe frontale (petzl actik core),
1 livre « petit format »,
petite serviette, brosse à dents, dentifrice,
crème hydratante (mon équipement confort 😉 ),
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• Autres indispensables •
smartphone avec chargeur (prises 220V dans les refuges),
lunettes de soleil indice 4 (glacier), crème solaire,
en-cas (pour les déjeuners et pauses),
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• Autres non indispensables •
appareil photos avec 2 batteries (le froid est leur pire ennemi) et chargeur,
support de fixation de l’appareil sur le sac à dos.
Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°9
Écouter son corps et son mental tout au long du parcours
Nous étions 2 cordées d’amis à tenter l’ascension ce jour là, mais seule l’une d’entre elle arrivera au sommet. Et étrangement, ce n’est pas celle à laquelle on s’attendait ! Mon coéquipier et moi-même étions un peu les novices de l’aventure, lents et prudents, aux côtés d’une cordée plus expérimentée et confiante.
En réalité, j’étais celle qui doutait le plus de réussir, proposant régulièrement aux autres d’imaginer un plan B, un itinéraire secours pour le refuge du Goûter si les forces venaient à manquer… en vain. Mes guides et coéquipiers ne semblaient pas avoir de doute, ou du moins ne voulaient-ils pas le montrer.
Face à mes incertitudes, j’optais pour la prudence et la prévention. J’allais tout au long de l’ascension écouter chaque signe de douleur ou de fatigue de mon corps. Une bretelle mal positionnée, je l’a redressée immédiatement ; un courant d’air inconfortable, j’ajoutais une épaisseur ; quelques gouttes de sueur, je retirais une couche ; une fatigue soudaine, je buvais, grignotais et respirais amplement ; des cuisses douloureuses, je ralentissais le pas… vous avez compris l’idée : remédier au problème avant qu’il ne devienne irréversible !
Le mental également se devait de rester au top. Sans lui, pas de réussite possible mais surtout pas de plaisir… sans plaisir, pas de réussite… Même remède donc que pour le corps : soigner le mental avant qu’il ne s’assombrisse de trop. Pour cela, rien de tel que la bonne humeur des autres (d’où l’importance dans le choix des guides et des coéquipiers), la beauté des paysages (levez la tête, admirez, respirez) et un mantra personnel qui m’accompagnera jusqu’au sommet :
« Mont Blanc, chaque pas effectué, si petit soit-il, me rapproche de toi et du bonheur » !
Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°10
Profiter de chaque instant
Ce sera mon ultime conseil avant de vous laisser vivre votre propre aventure : profitez de chaque instant !
Lorsque, enfin, vous vous engagerez vers la Voie du Mont Blanc, qu’elle que soit celle que vous choisissez, avec des coéquipiers et des guides choisis avec soin, un équipement et un entraînement adaptés, vous aurez mis toutes les chances de votre côté pour réussir… alors, oubliez les interrogations, les doutes, les difficultés à venir. Ne pensez qu’au moment présent, qu’à la chance que vous avez de pouvoir profiter aussi intensément de la beauté de cette nature sauvage, à la fois hostile et pleine de charme.
J’ai pour ma part savouré chaque moment de l’ascension : le départ, les premiers pas sur glacier, les dénivelés qui s’enchainent, la micro-nuit au refuge de Gonella, l’ambiance étrange des cordées endormies et lumineuses avant le lever du jour, le lever du soleil à plus de 3500 mètres d’altitude, les premières difficultés dues à l’altitude, le Mont Blanc qui se rapproche à petit pas, l’atteinte de l’abri Vallot moins de 500m sous le sommet, les derniers efforts sur les bosses et arêtes finales balayées par un vent glacial… et c’est sans vraiment y croire, les larmes aux yeux et le cœur empli de reconnaissance que j’ai réalisé mon rêve : contempler les Alpes depuis le plus haut sommet de l’Europe !
La victoire est savoureuse, c’est certain, mais elle n’est que la cerise sur le gâteau d’une aventure déjà exceptionnelle. Peu importe où celle-ci s’arrête car, c’est certain, chacun aura donné le maximum de soi-même pour se montrer à la hauteur de cette majestueuse dame blanche culminant à 4810 mètres. A cette altitude, la nature se laisse apprécier avec plus ou moins de clémence (mal des montagnes , vent, froid, terrain instable…), et il y a forcément une part de chance dans l’atteinte du sommet. Profitez donc de chaque instant pour ne rien regretter et vous serez peut-être tout aussi surpris que moi d’arriver au sommet, porté par l’amour de ces montagnes et cimes enneigées.
Première partie de cet article
10 conseils pour atteindre le sommet du mont blanc (partie 1)
6 réponses
Bonjour
Sans aucune expérience mais avec plein de motivation. Chaque année je me fixe un objectif différent.
Je fais des sorties de 10 km tous les 3 jours. Je souhaiterais savoir quel guide et quelle date pour assurer et mettre le maximum de chance de mon coté pour gravir le mont blanc.
Dans l’attente de votre retour
Tel 0695431019
L’ascension du Mont-Blanc peut se faire de Juin à Septembre (période d’ouverture des refuges).
Voici le nom de mon guide, compétent et amical : Antoine BOYRIE – Montagne Découverte (http://montagne-decouverte.fr/antoine-boyrie/).
Bonjour,
Je me suis fais opéré du dos en Mai dernier en Sibérie et en urgence. les médecins m’ont dit que je ne marcherai plus. Je viens de me faire réopérer en france cette fois. je garde quelques séquelles mais je marche. En bretagne pour le moment je parcours 5 Km chaque matin. Je marchais beaucoup et je faisais beaucoup de sport. J’ai fais plus de 7000 KM avec une trottinette il y a 25 ans dont St brieuc Séville en 20J. En Sibérie , je me suis dis que si je remarchai un jour, je ferai l’ascension du mont Blanc. quelqu’un aurait il des info, je garde un dos fragile je ne peux pas trop porter …..mais marcher à Plus de 3000 M avec 7KG sur le dos pensez vous que c’est possible et comment me préparer ? merci
Bonjour Philippe,
Tu peux te renseigner auprès des guides de Chamonix qui sauront mieux te renseigner que moi sur la possibilité ou non de t’emmener au sommet, sachant que l’avis du médecin sera exigé. Au-delà du portage de l’équipement, cette ascension est réservée aux alpinistes. Elle nécessite d’être encordée et les exercices réalisés au cours de la formation, afin d’apprendre à s’assurer et se rattraper sur un glacier, ne me semblent pas très conseillés si tu souffres du dos.
Bon courage à toi.