Ascension du Mont Blanc, 10 conseils pour atteindre le sommet ! (Partie 1)

Chaque été, environ 20 000 alpinistes tentent l’ascension du Mont Blanc. Moins de la moitié arrivent au sommet ! Principales causes d’abandon : des conditions météorologiques trop mauvaises ou une fatigue trop importante.
Alors non, le Mont Blanc n’est pas devenu une course facile et accessible à toute personne un tantinet sportive et en bonne condition physique. C’est une ascension longue et exigeante, dans un environnement dangereux et capricieux. Elle nécessite endurance et mental mais également une très bonne maîtrise du matériel et un réel amour de la montagne.
Parce qu’il faudra l’aimer cette montagne pour puiser l’énergie manquante dans la beauté des paysages, malgré le vent et le froid, et pour accepter de ne pas atteindre le sommet en cas de mauvais temps ou de trop grande fatigue.
Mais si la nature décide de nous laisser passer, et si en plus la météo est clémente, atteindre le sommet du Mont Blanc procure un bonheur immense que je ne suis pas prête d’oublier !

Je vous propose dans cet article et celui qui suit 10 conseils pour atteindre le sommet : 5 conseils pour la préparation (partie 1) et 5 conseils pour l’ascension (partie 2).

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Ascension du Mont Blanc
10 conseils pour atteindre le sommet

Partie 1 : Préparation

Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°1
Attendre le bon moment

Désolé de décevoir les lecteurs qui rêvent déjà d’atteindre le toit de l’Europe sans jamais avoir chaussé de crampons : on ne débute pas sa carrière d’alpiniste par le Mont Blanc !
Tout d’abord, la pratique de l’alpinisme nécessite des connaissances techniques. Savoir marcher en cordée avec des crampons et utiliser le piolet à bon escient, ça s’apprend. Quels risques si on omet cette étape d’apprentissage ? Se fouler la cheville, se transpercer un mollet avec un crampon, emporter la cordée dans une crevasse, dévaler la pente… A titre d’exemple, sachez que si vous tenez votre piolet comme un vulgaire bâton, vous n’avez absolument aucune chance de pouvoir le planter dans la neige et d’enrayer la chute. Vous dévalerez inévitablement la pente sans échappatoire possible, emportant le reste de la cordée avec vous. Vous l’avez compris, dans une environnement glaciaire, apprendre à se servir du matériel, c’est vital !

Il faut ensuite avoir un minimum de connaissances sur l’environnement montagnard et les risques associés. Même si le guide, en tant que professionnel de la montagne, aura toujours un esprit critique et avisé sur la situation, 2 alpinistes prévoyants valent toujours mieux qu’un.

Mais surtout, pour éprouver un réel plaisir à atteindre le sommet du Mont-Blanc, il faut connaître ses forces et ses faiblesses sur des longues courses en très haute altitude et la seule manière de les connaître, c’est de commencer par des courses plus accessibles (et tout aussi jolies la plupart du temps).
Pour certains, le plus difficile sera de gérer le « mal des montagnes » (que l’on ressent tous à partir de 3000 mètres mais de façon plus ou moins importante) ou encore l’endurance sur des courses  de plus de 9 heures. Pour d’autres, l’ennemi numéro 1 sera le froid, le vent, ou encore les nuits trop courtes en refuge qui peuvent sérieusement affecter le mental et l’énergie…
Nous avons chacun nos faiblesses, mais également nos forces pour apprendre à les gérer.
Cette connaissance de soi-même sera un atout certain pour atteindre le sommet du Mont Blanc.

Sans être une alpiniste très expérimentée, j’avais déjà plusieurs treks en altitude à mon actif avant de partir à l’ascension du toit de l’Europe, dont un trek de 10 jours au Ladakh entre 4000 et 5500 mètres d’altitude. J’avais également suivi un stage d’alpinisme de 2 jours dans le cadre de « l’Arc’teryx Alpine Academy » et réalisé l‘ascension du Grand Paradis (4061 mètres), un des 4000 les plus accessibles  des Alpes. Je n’étais pas sûre d’être prête… mais je savais que je pouvais compter sur l’endurance et le mental pour compenser ma lenteur en très haute altitude et ma faible résistance au froid !

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Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°2
Relever le défi avec 1 ou 3 amis

Parce que l’aventure est encore plus belle à plusieurs et parce que cela permet de s’encourager, aussi bien dans la préparation que dans l’ascension finale.
Mais attention, derrière le mot « amis », j’entends des proches avec lesquels vous êtes déjà partis en voyage ou avec lesquels vous avez vécu des aventures sportives un peu engagées, ceux sur lesquels vous pouvez compter et qui ne deviennent pas insupportables dans les moments difficiles (non, les amis virtuels ne seront pas de bons partenaires de cordée !).
Il est aussi important d’avoir effectué un ou plusieurs sommets avec votre potentiel coéquipier de cordée afin de s’assurer que vous avez un niveau similaire. Gardez en tête que si votre coéquipier n’est plus en mesure de poursuivre la course,
toute la cordée est dans l’obligation de redescendre… difficile à encaisser si vous êtes encore au top de votre forme au moment de l’abandon !
La  règle pour le sommet du Mont Blanc, c’est un guide pour 2 alpinistes. Il faut donc trouver à minima un ami pour compléter sa propre cordée, ou 3 amis pour partir à deux cordées (et 2 guides donc).
Autre détail qui a son importance pour les jeunes parents : mieux vaut ne pas être sur la même cordée. En cas de chute de l’une des cordées, au moins l’enfant ne sera pas orphelin. Cela peut être difficile à entendre mais c’est pourtant la réalité en montagne… on n’est jamais totalement à l’abri de l’accident.

J’ai personnellement réalisé l’ascension du Mont Blanc avec mon conjoint (pas sur la même cordée donc), son frère et un ami avec lequel j’avais déjà atteint le sommet du Grand Paradis l’année précédente. Si tous ont un physique de sportif qui pouvait me faire douter de mes capacités à les suivre, je pensais pouvoir compter sur leur volonté à toute épreuve (ou presque) et leur bienveillance… l’aventure allait me donner raison.

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Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°3
Ne pas négliger le choix du guide

Le choix du guide est selon moi aussi important que celui du coéquipier. Il doit être un alpiniste expérimenté et formé (diplôme d’état d’alpinisme-guide de haute montagne). Mais cela ne suffit pas.
Au fur et à mesure de l’ascension, il devient notre meilleur allié pour atteindre le sommet, tantôt moniteur, guide avisé, mentor ou coach ! Il n’est pas uniquement indispensable pour nous ouvrir la voie, mais également pour corriger nos maladresses, prévenir des dangers et nous donner le courage de poursuivre, avec énergie mais bienveillance.

Là encore, je ne peux que conseiller de faire d’autres courses alpines plus simples avant l’ascension du Mont Blanc pour s’assurer que le courant passe avec son guide. Il va falloir passer de longues heures de marche dans ses pas… et ce serait dommage de gâcher les moments uniques que procure l’ascension du Mont Blanc à cause d’une mauvaise ambiance de cordée.
La question n’est pas « est-ce que mon guide est bon ou pas ? » (ce sont tous des professionnels de la montagne) mais plutôt « est-ce que mon guide est fait pour moi ? ».
Chacun choisira donc les qualités personnelles du guide en fonction de ses attentes mais ce qui est sûr, c’est qu’un guide trop rapide ou trop lent, trop bavard ou trop silencieux, trop négligent ou trop prudent… peut fortement diminuer les chances de réussite. Et c’est tout de même plus rassurant de partir dans une telle course avec une personne de confiance, que l’on apprécie.

Nous avons eu la chance de rencontrer deux guides passionnés (Didier et Antoine, père et fils) pour nous accompagner dans cette aventure. Antoine a été à nos côtés dès le début du projet pour nous conseiller dans le choix de l’itinéraire, l’entrainement et le matériel à emporter. Nous avions convenu de nous entrainer tous ensemble et de nous acclimater pendant 2 jours avant l’ascension finale, ce qui nous a permis de mieux nous connaitre et de définir les cordées. Mon guide sera Didier : son rythme lent mais constant me convient parfaitement. Ses conseils arrivant toujours à point lorsque ma vigilance s’amenuise ainsi que son soutien dans les moments difficiles seront l’une des clés du succès. Merci Master !

Nos guides, testés et approuvés 😉
Antoine et Didier BOYRIE
Montagne Découverte

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Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°4
Choisir l’itinéraire qui vous convient

Si la Voie Royale par le refuge du Goûter est fréquentée par 80% des prétendants au sommet du Mont Blanc, il faut savoir qu’elle n’est pas la seule possible. Elle est considérée comme la plus accessible car la trace est la plupart du temps nettement visible, l’effort bien réparti sur 2 jours de course et les dangers assez localisés, notamment au niveau du Grand Couloir. Malheureusement, la Voie Royale est victime de son succès et sa sur-fréquentation incite de nombreux amoureux de la montagne à choisir une autre voie.

En réalité, seule, j’aurais certainement choisi cette voie « normale » pour ma première ascension du Mont Blanc. A quoi bon opter pour un itinéraire plus difficile alors qu’atteindre le sommet serait déjà pour moi la réalisation d’un rêve fou, longtemps jugé inaccessible ?!
Ce sont mes coéquipiers de cordée, probablement plus confiants en leur capacité physique, qui vont me convaincre d’emprunter la Voie du Pape (ouverte en 1890 par le futur Pape Pie XI). D’abord sceptique, je me laisse vite charmer par les paysages exceptionnels de cet itinéraire sauvage, isolé et franco-italien (pour convaincre une accroc au voyage, faites lui franchir une frontière 😉 ).
En atteignant le sommet, je ne peux que les féliciter de ce choix : la beauté des paysages m’a servi de carburant dans les moments où mes forces semblaient m’abandonner.

                                   5 raisons de préférer la Voie du Pape à la Voie Royale
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éviter l’affluence de la voie royale choisie par 80% des prétendants au sommet, que l’on finit d’ailleurs par retrouver au col du Dôme,
• faire une traversée Italie-France, en évitant de redescendre par la même voie que la montée,
le refuge de Gonella : plus petit, plus convivial et moins haut que le refuge du Goûter, on y dort mieux même si le réveil à minuit pique un peu !
l’ambiance sauvage et isolée,
• bien que plus long et nécessitant une plus grande endurance, l’itinéraire n’est pas plus compliqué techniquement.
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Attention : l’itinéraire emprunte le glacier du Dôme sur lequel il traverse de nombreuses crevasses. Il faut donc privilégier le début de saison (Juin) pour garantir une bonne stabilité des ponts de neige.

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Nota : au moment où j’écris ces lignes, une décision préfectorale vient de tomber annonçant la mise en place d’un permis obligatoire sur la voie royale du Mont Blanc ainsi que d’un quota d’alpinistes autorisés à tenter l’ascension chaque jour dès l’été 2019 (214 alpinistes par jour annoncé contre ≈ 500 aujourd’hui).

Ascension du Mont Blanc – CONSEIL N°5
Opter pour du matériel de qualité

Si l’ambiance de cordée, l’endurance, le mental et l’amour des montagnes ont été mes plus grands alliés pour réussir l’ascension du Mont Blanc, le matériel a lui aussi sa part de responsabilité.
Il est non seulement garant de notre sécurité mais permet également de faciliter l’ascension. Principaux critères de sélection : qualité, légèreté et confort.

Point de vue sécurité, les crampons doivent être certifiés EN893, (semi)-automatiques et en très bon état, les chaussures chaudes et rigides, avec débord pour fixer les crampons, le piolet pas trop court et léger, le casque et le baudrier vérifiés et parfaitement ajustés. Ne pas hésiter à se faire conseiller par des vendeurs de magasins spécialisés ou par son guide.

Pour le confort, les vêtements et le sac à dos doivent également être choisis avec soin.
Inutile de s’encombrer, les vêtements doivent être  limités au strict minimum mais chaud et de qualité. Ma technique pour ne pas trop me charger : partir avec un sac à dos dédié aux alpinistes adeptes du minimaliste, profilé pour la haute montagne mais dépourvu de tout accessoire superflu (voir test du sac à dos arcteryx alpha).
Contenu du sac à dos à suivre dans un prochain article…

Durant l’ascension, on peut passer d’une température de 30°C dans la vallée à -15°C au sommet, parfois plus froide encore dans les rafales de vent. On utilise donc la stratégie de l’oignon en ajoutant des couches tout au long de la montée.
Connaissant ma faible résistance au froid, j’ai particulièrement été vigilante sur le choix des vestes (doudoune et coupe-vent) et n’ai pas regretté l’investissement. Comme je l’écris dans
mon article test de la veste arc’teryx Beta ar : « sur les dernières arêtes de la course, fouettés par le vent de plus en plus violent à mesure que nous grimpions, je savais que, grâce à mon équipement, les intempéries n’auraient pas raison de ma détermination ».

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Deuxième partie de cet article
10 conseils pour atteindre le sommet du Mont Blanc (Partie 2)

 

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