Certains endroits nous enchantent à tel point que nous aimerions les garder secrets… Celui que je m’apprête à dévoiler se trouve aux portes du Parc de la Vanoise, un des 11 parcs naturels nationaux français qui constitue, avec son voisin italien (parc national du Grand Paradis), le plus grand espace protégé d’Europe occidental.
La randonnée se situe à cheval entre la réserve naturelle du Plan de Tueda et le Parc de la Vanoise. Elle est accessible à tous et offre en hiver des paysages grandioses aux allures de Grand Nord.
Autre lieu (Vallée de Névache), autre randonnée hivernale en famille :
3 jours dans les Hautes-Alpes avec pulka enfant
Randonnée hivernale dans le Parc de la Vanoise
Épisode 1 : la découverte
En réalité, nous connaissions déjà bien le sentier de randonnée balisé depuis le lac de Tueda de Meribel (Savoie) jusqu’au refuge du Saut pour l’avoir emprunté plusieurs fois en été. C’est un itinéraire accessible à tous (4 à 5 heures aller-retour) malgré une montée raide au départ, qui permet d’atteindre facilement le Parc de la Vanoise et d’y admirer à coups sûr les marmottes durant l’été.
Mais en hiver, c’était pour nous une première ! Le sentier devient alors plus sauvage, plus discret et les paysages enneigés et immaculés donnent au décor des allures de Grand Nord.
Nous avons depuis plusieurs hivers déserté les pistes de ski pour profiter davantage de paysages sauvages et isolés, loin de la foule, plus proches de la nature. Si l’environnement peut paraître hostile à certains, la randonnée itinérante en raquettes à neige est en réalité un bonheur accessible à tous, en étant bien équipé et bien préparé (guide pratique à la fin de cet article).
La randonnée débute au lac de Tueda, située à 1700 mètres d’altitude sur la commune de Meribel-Mottaret. Le sentier, bien tracé l’été mais non indiqué l’hiver, longe le lac et mène au fond du vallon. La montée est alors assez raide dans la forêt durant une heure environ mais permet de prendre de l’altitude rapidement et de profiter des paysages de montagnes enneigées et de lacs gelés. Le beau temps est au rendez-vous, après 200 mètres de montée, il fait déjà très chaud !
Après 2h30 de marche, nous arrivons dans le Vallon du Fruit, immaculé, tout droit sorti d’une carte postale, où coule simplement une rivière… impossible de trouver plus paisible !
Nous entrons alors officiellement dans le Parc Naturel de la Vanoise. Deux chalets désertés veillent sur les lieux et nous permettent une pause pique-nique à l’abri du vent. Cet itinéraire se fait en 1h30 l’été mais c’est sans compter les pas un peu plus lents en raquettes à neige ainsi que les pauses grignotage, photos ou simplement « parce que c’est trop beau ». Encore 1 heure de marche et nous arrivons au refuge du Saut qui, sous le soleil, nous apparait bien chaleureux… reste à trouver l’entrée !
« La porte est ouverte » , nous avait prévenu la gardienne…
…mais quelle porte ?
Il y a en fait 3 chalets et donc 5 ou 6 accès différents, tous ensevelis sous 1m50 de neige ! Il n’y a plus qu’à pelleter devant chacune d’entre elles… Heureusement, soleil et bonne humeur sont au rendez-vous. La troisième porte sera la bonne : un petit chalet douillet s’ouvre miraculeusement, avec à disposition, un poêle et du bois pour se réchauffer durant la nuit.
Idéalement placé, le refuge du Saut (2126 mètres) bénéficie du soleil une grande partie de la journée. Mais il n’y a pas une minute à perdre : il faut avant que la nuit ne tombe préparer le bois, scier des petits morceaux pour le poêle, veiller sur le feu, définir le lieu d’approvisionnement en neige (fondue, elle deviendra notre eau de boisson et de cuisson), les endroits qui peuvent servir de toilette, préparer notre coin dîner et notre coin dodo avant de devoir nous éclairer à la bougie, marquer notre territoire avec un gros bonhomme de neige sensé faire fuir tout animal sauvage ou indésirable 😉 .
Nous sommes prêts à passer une nuit au milieu des montagnes enneigées, sous les étoiles, mais avec un abri chaud et douillet rien que pour nous. Silence presque totale durant la nuit, nous n’entendons que le vent et les craquements du chalet. La pleine lune éclaire le paysage et les lampes frontales serviront finalement très peu. Le feu finit par s’éteindre en même temps que nous…
Le lendemain, le soleil se lève vers 8h, et le premier réveillé rallume le feu !
Nous ne prévoyons pas d’ascension ce matin pour profiter davantage de notre solitude dans cet abri de fortune décidément très attachant. Il faut dire aussi que nettoyer les lieux prend aussi du temps et nous ne voulons laisser aucune trace de notre passage. Pour faire la vaisselle, il faut faire chauffer 6 ou 7 casseroles de neige, car avec une casserole de neige fondue, on obtient à peine 100 ml d’eau ! Pour éviter de polluer le site, nous redescendons l’ensemble de nos déchets (même biodégradables, seuls quelques morceaux de pain et de fruits seront laissés aux animaux), et nous brûlons le papier hygiénique souillé (gare au vent).
En fin de matinée, il est temps pour nous de lever le camp. Un dernier au-revoir à bonhomme de neige et nous voilà de nouveau sur les sentiers enneigés et ensoleillés, en quête de blanchots, de chamois ou de bouquetins, les stars incontestés du Parc de la Vanoise. Nous empruntons des chemins de traverse pour faire durer le plaisir en restant toutefois vigilants aux risques d’avalanche et d’égarement. Nous rejoignons finalement la vallée après 3 heures de marche, conscients que ces 2 jours passés dans les montagnes resteront à jamais gravés dans nos cœurs et nos souvenirs.
Épisode 2 : version familiale avec pulka
Nous avons tellement apprécié cette randonnée hivernale dans le Parc de la Vanoise que nous y sommes ensuite retournés en famille. Nous avons attendu que mini-voyageur soit âgé de 4 ans pour partager avec lui cette micro-aventure, avec une pulka enfants ! Son cousin âgé de 8 ans étaient également de l’aventure, très à l’aise pour sa première expérience de raquettes à neige et refuge en montagne.
Cette fois-ci, nous ne serons pas seuls au refuge, vacances scolaires obligent ! Le refuge hiver est complet si bien que je suis obligée de partager mon lit avec mini-voyageur. L’ambiance n’est donc pas la même que lors de notre première visite, où nous étions seuls, mais partager ces moments en pleine nature avec des enfants est déjà en soi une expérience formidable.
Retrouvez mes conseils pour partir en pulka avec un enfant sur le site des Petits Baroudeurs.
Randonnée hivernale dans le Parc de la Vanoise
Guide pratique
les pré-requis
Si vous avez déjà effectuer des randonnées en raquettes à neige, que vous êtres formés à la recherche de victimes d’avalanche et capable de porter un sac de quelques kilos pendant plusieurs heures dans le froid, vous êtes prêts !
Sinon, il vous faudra :
• Apprendre à marcher en raquettes à neige :
C’est très simple ! De bonnes chaussures étanches et c’est parti. On enfile les raquettes et on marche, un pas devant l’autre. Bon, il y a tout de même quelques astuces à connaître pour maîtriser les montées et descentes (raquettes bloquées en descente, cale en montée…) et je vous conseille de vous entraîner une ou deux fois auparavant avec un guide ou un copain qui maîtrise la technique. Cela vous permettra d’enchaîner les montées et les descentes avec agilité sans gaspiller d’énergie.
• Apprendre le b.a-ba de la sécurité en montagne :
Et bien oui, on le dit et on le redit, la montagne l’hiver, c’est dangereux et mieux vaut donc partir avec une personne qui connait très bien la montagne et les risques associées. L’apprentissage de l’utilisation du DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanche) est notamment un pré-requis indispensable afin de pouvoir être secouru en cas d’ensevelissement sous une avalanche et de pouvoir à porter secours aux autres victimes. 1/2 journée de formation permet de connaître le fonctionnement du matériel, les techniques de sondage, pelletage et secours et la conduite à tenir en cas d’accident d’avalanche.
• se préparer physiquement :
Il n’est pas nécessaire d’être un grand sportif pour pratiquer la randonnée avec raquettes à neige. Il suffit de choisir l’itinéraire en fonction de son niveau. Attention néanmoins, la randonnée en hiver est plus difficile que la randonnée estivale, et cela pour 2 raisons principales : dans la neige, on s’enfonce et il fait froid. Le corps doit donc faire plus d’effort pour réaliser la même distance ! Il faut donc rester humble : mieux vaut un itinéraire trop court que trop long, notamment en cas de météo capricieuse ou de coup de fatigue.
Pour une nuit en refuge non gardé, il faudra de plus prévoir le ravitaillement, la popote, l’éclairage, le sac de couchage et des habits de rechange… environ 8 à 12 kg de matériel par randonneur.
Choix de l’hébergement dans le Parc de la Vanoise
Le choix d’un refuge dans le Parc de la Vanoise dépend du confort recherché et de l’accessibilité. Un refuge gardienné offre davantage de confort et de services (accueil, chauffage, eau, repas) mais moins de tranquillité qu’une cabane non gardée.
Pour connaître les périodes de gardiennage et surtout l’accessibilité du refuge, qui dépend des conditions météorologiques, mieux vaut appeler le gardien du refuge avant le départ.
Le refuge du Saut (non gardienné en hiver) est facilement accessible depuis le lac de Tueda par beau temps. On y trouve une table, des chaises, un dortoir de 8 places avec couvertures, une gazinière, un évier (mais pas d’eau), quelques verres, couverts et casseroles, des bougies de secours (prévoir les siennes), un poêle, du bois et des allumettes…
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13 réponses
Super article. Bon on a tres tres envie de savoir ou se trouve cet endroit secret (je n’ai pas trouve, mais je pense que c’est dans les Alpes car tu dis « soleil jusqu’a 17h… »), mais surtout cela donne vraiment envie de faire de la randonnee raquette.
Merci pour cet article plein d’inspiration!
Amandine Articles récents…Is it crazy to visit Stockholm in winter?
Merci pour ton commentaire et… Well done ! C’est bien dans les Alpes…
D’après ce que tu dis, je penche pour le massif de la Vanoise ou des Ecrins…
Drôle d’idée que de vouloir le garder secret. Mon précieuuuuu 🙂
Sinon, plus roots encore, il y a les cabanes non gardées. Je te les conseille, mais à choisir avec attention 😉
Je te partage ma dernière sortie: http://planetcaravan.net/post/2016/02/08/Jardinage-en-raquettes-en-Belledonne
Bonne continuation !
Seb Articles récents…Jardinage en raquettes en Belledonne
Merci pour le partage. Il faudra tester la cabane de Petit Valloire un de ces jours !
Ahh que c’est beau! Il y a pas mal de possibilité de rando-refuge ici aussi au Québec et ca fait déjà un bout que ca me titille. Il faudrait bien que je le teste 🙂 ton article me donne encore plus le goût. Je suis un peu jalouse de vos belles montagnes par contre hehe
Rachel – Blog voyage Découverte Monde Articles récents…Mon voyage en Corse : Que faire et visiter lors d’un court séjour
Merci Rachel pour ton message.
Il faudra que l’on échange nos maisons un de ces 4 pour que je découvre le Québec et que tu puisses profiter des Alpes à volonté !
Merci pour cet article, je me suis moi même aventurée dans les Alpes cet été, c’était fantastique, il y a tellement de chose à faire… J’y retournerai très prochainement, tester les raquettes sans doute !
Vic Articles récents…Les Alpes : Top 5 des activités
Superbe le chalet dans la neige ! Si tu as l’occasion de venir dans les Pyrénées, il existe de nombreuses cabanes de berger en libre accès pour les randonneurs. Quel bonheur d’y passer la nuit 🙂
Excellent ! J’y suis passé plusieurs fois en été, mais j’ai mis vraiment un moment avant de le reconnaitre en hiver ! Ce sera donc notre prochaine destination pour le week-end !
Sinon en été les gardiens sont super sympa.
Ayo Céline !
Bon bein ok je ne dis pas où c’est, mais je t’envois un numéro de compte en mp sur lequel tu pourras effectuer un transfert d’argent.
Sinon, bein je me verrais dans l’ooÔoobligation de poster des liens qui pointent un gpx sur des sites genre c2c etc… histoire de rester dans la discrétude la plus efficace.
Non pas d’soucis t’inquiète….je ne sais même pas où c’est ! mais c’est clair que c’est beau.
Vraiment sympa ton blog
Extraordinaire ! j’adorerai faire cela avec mes enfants cet hiver. Nous allons régulièrement sur le domaine de La Plagne et randonnons tous les étés mais je n’avais jamais pensé à l’idée d’aller dormir dans un chalet d’alpage pendant l’hiver. Je vais regarder ce que je peux trouver au départ de Rosuel qui est le point d’entrée dans le parc de la Vanoise le plus proche de chez nous. Peut être pourrions nous aller dormir au lac de la Plagne (5 heures de marche en été). Merci encore pour l’article.