Avant de m’envoler pour Mayotte dans le cadre d’un séjour inter-îles dans l’Océan Indien, je ne connaissais « l’île au lagon » qu’au travers les récits de plongée que m’en avaient fait certains de mes coéquipiers de palanquée, à une époque où je côtoyais davantage les profondeurs que les sommets !
En réalité, Mayotte a bien plus que ses fonds marins à offrir, même s’ils sont sans aucun doute parmi les plus beaux du monde. Elle fait partie de ces destinations nature méconnues, qui raviront les amateurs de randonnée, d’observation marine et de plongée, ainsi que les voyageurs en transit, qui y verront une escale parfaite entre l’Europe et l’Afrique.
Voici donc selon moi 5 raisons de partir à la découverte de Mayotte, et comme vous n’y résisterez pas, quelques conseils pratiques pour réussir son séjour.
Ce séjour à Mayotte a été suivi d’une semaine à Madagascar.
A retrouver dans l’article : Tourisme responsable à Madagascar, sous le charme de Majunga…
Mon séjour à Mayotte, en bref !
Durée du séjour : 3 jours
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Quand : fin Mai (saison sèche)
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Lieux visités :
• Sud de l’île : plage de N’Gouja (observation des tortues), randonnée dans la réserve de Saziley, snorkeling sur l’îlot de sable blanc et l’aquarium de Dapani.
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.Hébergements : Jardin Maoré (écolodge au sud de l’île).
🙂 Activités préférées : observation des tortues, randonnée dans la réserve de Saziley et découverte de l’îlot de sable blanc.
5 raisons (selon moi) de partir à la découverte de Mayotte
Raison #1 de visiter Mayotte
le tourisme éco-responsable, un espoir pour l’île
L’île de Mayotte, située entre le Mozambique et Madagascar, est la plus ancienne île et la plus au sud de l’archipel des Comores. Si sa situation géographique en fait une terre d’Afrique, l’Histoire elle, en a décidé autrement….
En 1974, lors du référendum organisé par la France aux Comores pour déterminer le devenir politique de l’archipel après plus de 100 ans de colonisation, 90% des comoriens votent pour leur indépendance. Mais pas Mayotte ! L’ile se singularise alors, la majorité des mahorais souhaitant le maintien de l’archipel au sein de la république française. Après 3 référendums confirmant la volonté des mahorais, et malgré l’opposition des Comores et de l’ONU revendiquant l’unité territoriale de l’archipel, Mayotte devient officiellement, le 31 mars 2011, Département d’Outre-Mer et le 101ème département français.
Malgré ce statut, Mayotte reste un territoire français à part, où les inégalités sont bien réelles et où 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans ce contexte, les richesses naturelles de l’île deviennent un atout majeur et le tourisme éco-responsable un véritable espoir.
Plusieurs associations œuvrent déjà dans ce sens en valorisant le patrimoine naturel de l’île tout en protégeant les espèces menacées, et en sensibilisant les populations à la nécessité de préserver leur environnement ainsi qu’au potentiel de développement et d’emplois offert par le tourisme vert.
Avec notamment le 3ème plus grand lagon du monde, Mayotte dispose d’un joyau indéniable, qui ne demande qu’à être révélé aux voyageurs du monde entier…
Raison #2 de visiter Mayotte
un lagon unique au monde
Le lagon de Mayotte, pouvant atteindre une profondeur de 70 mètres et protégé par une double barrière de récifs et coraux de 195 km de long, est un véritable sanctuaire pour de nombreuses espèces marines. Plus de 750 poissons différents et une vingtaine d’espèces de mammifères marins y cohabitent, pour le plus grand bonheur des plongeurs, novices ou passionnés.
On y croise tout au long de l’année des tortues marines et des dauphins joueurs, ainsi qu’une espèce étrange et menacée reconnaissable à sa silhouette potelée et son penchant pour les herbiers : le dugong !
De juillet à novembre, ce sont les baleines à bosses accompagnées de leur progéniture qui entrent en scène, saluant les spectateurs de leurs sauts majestueux.
Le parc naturel marin de Mayotte, le premier créé en outre-mer, assure depuis 2010 le suivi et la protection de cet écosystème hors-du-commun (lagon, herbiers, mangrove) avec pour objectif avoué de faire de l’île un « pôle d’excellence » en matière de connaissance et de suivi des écosystèmes tropicaux. Sur le terrain, cela passe par des actions concrètes tel qu’un plan de mouillages pour les usagers du lagon, une charte d’approche des mammifères marins ou encore la sensibilisation des opérateurs touristiques…
Personnellement, je n’ai vu ni baleines (hors-saison) ni dauphins (pas de chance) mais, équipée de palmes, masque et tuba, j’ai pu profiter des autres occupants du lagon accessible à la nage depuis la plage : balistes, poissons clowns, poissons chirurgiens, coffres, anges et trompettes, capitaines ou encore coraux…
Malgré la beauté du spectacle, ce fut une grande déception pour moi de ne pas descendre plus profond, équipée de bouteilles… mais en voilà une bonne occasion de revenir !
A défaut donc de pouvoir taquiner les murènes et mérous, j’ai reporté mon attention sur les autres vedettes du lagon : les tortues. Les tortues vertes et tortues imbriquées sont en effet facilement repérables sous l’eau et, en restant discret, on peut les suivre pendant de longues minutes. Certaines vivent dans le lagon pour se protéger et se nourrir, d’autres n’y viennent que pour se reproduire et pondre sur la plage qui les a vues naître, après 2 à 3 mois de migration. La ponte des œufs est un autre spectacle insolite que l’on peut vivre à Mayotte mais attention, il faut être capable de se lever au milieu de la nuit pour avoir une chance de l’apercevoir (je vous en reparle un peu plus bas dans l’article).
Raison #3 de visiter Mayotte
des terres isolées et préservées
Il existe encore à Mayotte des endroits isolés où la nature semble épargnée. On y accède uniquement par bateau ou à pieds, comme c’est le cas de la presqu’île de Saziley.
Accompagnée de Mohamadi, guide mahorais, et Grégoire, éco-volontaire au Jardin Maoré, nous sommes partis randonner dans ce lieu enchanteur qui donne un bel aperçu de la biodiversité de l’île, et qu’il devient urgent de protéger (si Saziley est épargnée, la déforestation sévit néanmoins sur une grande partie de l’île).
Tout au long des 12 km de sentier (en boucle depuis le parking de M’tsamoudou), on peut admirer des baobabs centenaires, des frangipaniers ou ylangs-ylangs le long de plages de galets, de sable noir ou de sable blanc, où les traces laissées sur le sol nous confirment que les tortues y sont venues pondre leurs œufs (ou du moins ont-elles essayé) durant la nuit.
La promenade est agréable et ne présente aucune difficulté si ce n’est sa longueur (compter 3 à 4h). Prévoir des réserves d’eau car il y fait vite très chaud.
Une autre randonnée incontournable du sud de Mayotte est l’ascension du Mont Choungui, 2ème plus haut sommet de l’île. Après 1h de grimpette sur un terrain rocailleux, on atteint le sommet d’où l’on a une vue imprenable sur l’île et son lagon.
Au cours de ces randonnées, on croise régulièrement le « maki de Mayotte », lémurien agile qui se nourrit de fruits et de feuilles et vit en groupe de sept à douze individus. Mais comment cet ancêtre du singe est-il arrivé sur l’île ? Il a probablement été importé par les hommes depuis Madagascar, tout comme les quelques espèces de mammifères présentes sur l’île.
Autres rencontres insolites à Mayotte : geckos, scinques, caméléons, nephila comorana (araignée endémique des Comores), roussettes, oiseaux typiques des terres africaines…
Raison #4 de visiter Mayotte
le Jardin Maoré, un écolodge face au lagon
« Une plage dans un hôtel », tel est le slogan de l’écolodge du Jardin Maoré, situé au sud de l’île de Grande-Terre, sur la plage de N’Gouja. On y accède en 2 heures de route depuis l’aéroport de Dzaoudzi, comprenant l’inévitable traversée en « barque » reliant Petite Terre à Grande Terre, les 2 principales îles de Mayotte.
Le lodge comporte 18 bungalows répartis sur 18 hectares dans un joli jardin tropical où les « makis » ont également élu domicile entre baobabs, bambous, frangipaniers, ylangs-ylangs et manguiers…
La plage est l’une des plus belles de l’île et le lieu de ponte des tortues marines. Elle est accessible à tous et c’est ici que les enfants mahorais des villages environnants prennent leurs cours de natation, à quelques mètres seulement de l’un des plus beaux lagons du monde !
Ce qui justifie le statut d’écolodge de cet hôtel, ce sont avant tout les efforts réalisés quotidiennement pour proposer des activités valorisant le milieu naturel dans lequel il baigne, tout en le préservant.
Dès mon arrivée, je suis équipée de masque, palmes et tuba pour partir à la découverte de la tortue marine. Tortues vertes et tortues imbriquées y trouvent en effet ici un herbier abondant, à quelques coups de nageoires de la plage où certaines d’entre elles viendront pondre durant la nuit. La rencontre avec ces espèces datant de plus de 100 millions d’années et pourtant toujours menacées est un moment privilégié dont je profite longuement, accompagnée de Grégoire, biologiste éco-volontaire de N’Gouja.
Pour apprendre à mieux les connaître, Grégoire organise des conférences en soirée, avant de nous proposer d’assister à la ponte des tortues, au beau milieu de la nuit.
Le réveil est fixé à 2h du matin, un peu avant la marée haute. Après avoir arpenté la plage pendant quelques minutes, avec la lune comme seul éclairage afin de se faire le plus discret possible, nous apercevons une première tortue à l’ouvrage. Au vu de son trou de ponte déjà bien profond, celle-ci n’a pas dû attendre la marée haute pour venir tenter sa chance. Les tortues marines creusent en effet pendant plusieurs heures avant de déposer leurs œufs, et uniquement si elles jugent le trou parfaitement viable et sécurisé. Après 3 heures de travail, celle-ci repartira à la mer sans avoir pondu le moindre œuf ! Elle tentera probablement de trouver un endroit plus propice le lendemain…
Nous observerons ainsi 3 tortues au cours de la nuit. Toutes repartiront à l’océan sans avoir pondu.
Des excursions nautiques, encadrées par un moniteur de plongée diplômé, sont également proposées pour découvrir le lagon et quelques-uns de ses plus beaux spots, dont l’îlot de sable blanc de Saziley (à 30 minutes de bateau), véritable coin de paradis entre terre et océan.
Pour conforter ces efforts et s’orienter vers un tourisme plus responsable, le Jardin Maoré est en cours de rénovation, avec pour objectif de pouvoir offrir dès 2019 des hébergements plus écologiques, tout en restant accessibles à tous : couples, familles, plongeurs. Personnellement, j’ai dormi dans un magnifique bungalow familial pouvant accueillir 6 personnes (le privilège de venir dans le cadre d’un Eductour 😉), tout confort (grand lit, eau chaude à volonté, climatisation, terrasse…) même si le plus appréciable fut bel et bien son accès direct à la plage qui permet une baignade quotidienne avec les tortues !
Raison #5 de visiter Mayotte
son accès depuis la France et les îles voisines
Depuis 2016, Mayotte dispose d’une ligne régulière sans escale depuis Paris, opérée par Air Austral. En décollant le soir et en dormant une bonne partie du voyage, on arrive presque tout frais le lendemain matin pour profiter de la plage.
Autre point fort de Mayotte, sa position proche de plusieurs îles de l’Océan Indien qui font tout autant rêver : La Réunion, l’Île Maurice, les Seychelles, les Comores ou encore Madagascar. Toutes ces destinations sont desservies sans escale depuis Mayotte et il serait dommage de ne pas en profiter ! L’idéal, selon moi, est de combiner plusieurs destinations lors d’un séjour dans l’Océan Indien et c’est ainsi qu’après 3 jours à Mayotte, j’ai poursuivi mon séjour vers Madagascar et sa belle région de Majunga.
Bon à savoir : Air Austral propose un pass « Îles Vanille » qui permet (pour ceux qui ont choisi cette compagnie pour le vol long courrier) de bénéficier de prix attractifs sur les vols inter-îles depuis La Réunion (ex : 90€ un aller-retour entre La Réunion et Mayotte ou Madagascar, 45€ entre La Réunion et l’île Maurice…). La Réunion étant également une destination que j’affectionne particulièrement, celle où j’ai effectué mon premier trek, je ne peux que vous conseiller de rester plus longtemps dans l’Océan Indien pour un combiné Réunion – Madagascar – Mayotte… et plus si affinités !
Conseils pratiques pour visiter Mayotte
Le conseil !
Emportez vos palmes, masque et tuba.
Par contre, inutile de prévoir les timbres : ceux de métropole ne sont pas utilisables à Mayotte. L’île édite ses propres timbres, que l’on ne peut pas non plus utiliser en métropole.
Quand venir ?
La meilleure période est durant la saison sèche, de mai à novembre. Il fait chaud toute l’année (24° à 35°C).
Pour l’observation des baleines : de juillet à octobre.
Comment s’y rendre ?
• 2 vols directs par semaine entre Paris CDG et Dzaoudzi (10h) avec Air Autsral.
• Barge (piétons et voitures) ou amphidrome (voitures et camions) pour relier Grande-Terre à Petite-Terre. La barge part toutes les 30 minutes environ en journée et effectue la traversée en 15 minutes (aller/retour : 0,75€ par piéton et 15€ par voiture).
Décalage horaire : + 1h de avril à octobre, +2h de fin octobre à fin mars.
Formalité d’entrée :
• Carte d’identité ou passeport en cours de validité.
• Pas de vaccin obligatoire. Traitement antipaludique conseillé. Se munir d’un répulsif spécial zones tropicales.
Hébergements au Jardin Maoré :
Le Jardin Maoré propose des bungalows individuels ou familiaux, à partir de 68€ la nuit.
Adresse : Plage NGouja – Kani Keli – Chirongui (site internet).
Quelques gestes indispensables pour un tourisme responsable à Mayotte (liste non exhaustive) :
• choisir un hébergement éco-responsable,
• respecter la charte d’approche des tortues et mammifères marins,
• éviter les coups de palmes sur les récifs (les coraux sont très fragiles),
• ne rien prélever dans la nature,
• préférer les douches aux bains et conserver une serviette tout au long du séjour,
• éviter les emballages superflus (savons, bouteilles…) et ne laisser trainer aucun déchet derrière vous.
Que voir à Mayotte : plus d’informations à retrouver sur le site de l’office de tourisme de Mayotte.
5 réponses
Merci pour ce super article et ces magnifiques photos!
Je mets Mayotte sur ma liste! 🙂
Paul
Absolument d’accord. MAGNIFIQUES photos. Ca donne vraiment envie!
Kai
Un « penchant pour les herbiers : le dugong ». J’aime le ton de ton article ! Je regrette de n’avoir pas pu faire du snorkelling autour de l’îlot Brandélé, très réputé parait-il. Personnellement, j’étais là-bas en juin et je ne pense pas que ce soit la meilleure période, car l’hiver annonce aussi les alizés et donc la visibilité est moindre sous l’eau, ce qui est dommage en plongée. Mayotte est en tous cas un immanquable en termes de plongée, à découvrir !
Lauren – Visions d’Ailleurs Articles récents…Les Comores version française dans un lagon paradisiaque